
« Nous le Peuple » de Claudine Bories et Patrice Chagnard
Jeudi 23 janvier- 20h30 - cinéma Véo - Tulle, avec Cap à Gauche 19 et Peuple et Culture, en présence des réalisateurs.
Le film. Ils s’appellent Fanta, Joffrey, Soumeya… Ils sont en prison, au lycée, au travail. Ils ne se connaissent pas et communiquent par messages vidéo. Ils ont en commun le projet un peu fou d’écrire une nouvelle Constitution. Pendant près d’un an ils vont partager le bonheur et la difficulté de réfléchir ensemble. Ils vont redécouvrir le sens du mot politique. Ils vont imaginer d’autres règles du jeu. Cette aventure va les conduire jusqu’à l’Assemblée nationale.
Le mot des réalisateurs, Claudine Bories et Patrice Chagnard :
« Nous le peuple a été tourné entre janvier et juillet 2018. à cette époque, il était bien peu question en France d’une crise de la démocratie. La représentativité des élus, la place donnée au peuple dans les prises de décisions politiques, ces questions que nous souhaitions aborder dans notre film n’intéressaient pas grand monde. Dans le même temps, l’Assemblée nationale examinait la réforme de la Constitution voulue par Emmanuel Macron.
Quelques jours après la fin de notre tournage le gouvernement était contraint de suspendre l’examen de sa réforme constitutionnelle. Et deux mois plus tard, le mouvement des Gilets jaunes commençait. De façon totalement inattendue nous nous retrouvions avec notre propos en pleine actualité.
Dès le départ, nous avons voulu faire un film sur la crise de la démocratie. Un film concret. Mettre en scène celles et ceux qui ne votent pas. Chercher à comprendre pourquoi ils s’abstiennent. Est-ce seulement parce qu’ils n’ont plus confiance dans la parole des politiques ? Parce qu’ils ne croient plus à rien ? Parce qu’ils pensent qu’ils comptent pour rien ? Filmer les oubliés de la République qui à leur tour oublient la République…
Plus tard, lors de repérages au sein d’ateliers menés par l’association d’éducation populaire
« Les Lucioles du Doc », nous avons trouvé les lieux et les personnages. Nous avons trouvé un dispositif, une histoire et comment la raconter.
Ce serait un film sur la parole, une parole retrouvée. Cette parole retrouvée, c’est la parole politique que nos personnages redécouvrent et qu’ils se réapproprient, à partir de laquelle ils vont pouvoir dire «nous» et ainsi se constituer en peuple.
Pendant sept mois nous avons filmé les trois groupes qui composaient ces ateliers. Nous avons filmé celles et ceux qui s’attelaient à ce projet auquel ils n’étaient pas préparés et qui les dépassait totalement : réécrire la Constitution française. Nous avons filmé la façon dont ils ont finalement réussi, en dépit de tous les obstacles, à rencontrer quelques députés de la Commission des lois, ceux qui justement travaillent à la réforme constitutionnelle.
Car l’autre propos du film c’est le rapport de ces citoyens avec les représentants de la République. Dès le départ leur but était de porter leurs propositions à la connaissance de la Commission des lois. En intégrant au montage quelques séquences clefs de débats dans l’hémicycle, nous avons voulu mettre en scène le fossé qui les sépare des députés et donner ainsi tout son poids à leur rencontre finale.»